28 juin 2009


Douloureuse expérience

La voilà enfin, cette séance en plein air, prévue de longue date.

Les bords de Seine à Andresy, la traversée en bac pour atteindre l’île de Nancy, un petit air de vacances.

Que dire, si ce n’est que je suis revenue avec les bras d’une écrevisse ébouillantée ?

Beaucoup de choses, je vais tenter de faire court 😉

L’objectif annoncé était de faire plusieurs petits croquis, de façon à pouvoir les réutiliser en atelier la semaine suivante et réaliser une composition achevée.

Bien.

Après avoir fait le tour de l’île, je me poste à notre point de départ, la vue de l’église d’Andresy me convient tout à fait.

Je m’installe confortablement (une autre fois, je vous montrerai tout mon petit matériel portatif), je choisis un petit bout de papier de 15*20 cm, je cadre la scène et c’est parti.

Premiers traits pour cerner le clocher … oups c’est trop grand, le dessin ne tiendra pas dans la feuille.
J’efface, j’attaque en bas par la limite du fleuve, je remonte en cernant le quai … oups, encore trop grand.

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Impossible pour moi de dessiner au trait sur un format si petit.
Qu’à cela ne tienne, je vais me rabattre sur mon ancienne méthode, trouver des points de repère, dessiner les grandes masses.
Les arbres, les bâtiments, les nuages … tout était toujours trop grand.

?????

!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Que se passe-t-il ?

Je réalise soudain que la scène devant mes yeux est grande, et que je dessine « spontanément » à l’échelle de ce que je vois. Donc pour dessiner la scène en question, il me faudrait un format de 30*40 cm pour être à l’aise.
Certes, mais l’objectif est de réaliser plusieurs petits croquis.

Au bout de 2 heures d’acharnement et l’aide précieuse de Patrick qui ne voulait pas que je reste bloquée, je finis péniblement par faire rentrer ce paysage dans mon petit bout de papier.
Il ne reste plus qu’à le mettre en couleur. Je n’en ai pas vraiment envie d’une part, parce que j’en ai un peu ras-la-casquette et je sens le coup de soleil arriver, et d’autre part, parce que je me doute des problèmes que je vais rencontrer en raison de la petite taille du format (à commencer par la taille de mes pinceaux).

Le résultat est à la hauteur de mes attentes : c’est plat, fade, tout à fait à l’image de ce que je faisais il y a 3 ou 4 ans 🙁
Et cerise sur le gâteau, ce sera totalement inexploitable pour en faire quelque chose de plus grand.

Alors, que s’est-il passé ???????

Je crois, avec le recul, qu’il y a eu tout simplement un douloureux combat intérieur entre deux approches inconciliables :
– la première (celle requise dans le cadre de l’exercice) qui consiste à « prendre des notes », des petits morceaux d’une future image qui sera créée plus tard, lorsque la scène ne sera plus sous mes yeux;
– la seconde qui consiste à restituer sur le papier le moment présent, la scène telle que je la vois là, maintenant, tout de suite. C’est une sorte de représentation/improvisation qui se joue entre la scène, le papier et moi, une histoire qui se raconte trait après trait, tâche après tâche.
Le résultat importe moins que le processus qui se déroule. Les images produites dans ces conditions ne sont pas faites pour être réutilisées (même si ça reste possible) mais juste pour témoigner du « spectacle » qui s’est joué.

L’image ci-dessous est une tentative de compromis entre ces deux approches … c’était voué à l’échec. Par conséquent, je la trouve vide, elle ne contient rien, ni une prise de notes, ni une trace de moi, de ma vision.


(cliquer pour agrandir)

Cette expérience, même douloureuse, n’a pas été vaine.

Je crois que j’ai pris encore un peu plus conscience de ce que je veux faire, de ce qui me correspond profondément : rendre compte d’un lieu et d’un moment, en dessinant et peignant « sur l’instant », et en mêlant harmonieusement dessin et peinture.
C’est très différent d’un travail de construction, lent et patient, dans le calme d’un atelier, enfin il me semble.

Il ne me reste plus … qu’à le faire 🙂

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