8 mars 2009
J’ai tout donné
Vous vous souvenez, pour ceux qui ont appris à conduire, vos premières leçons, lorsque vous vous êtes rendus compte qu’il fallait tout à la fois diriger la voiture, tenir sa droite sans pour autant arracher tous les rétroviseurs des voitures garées le long du trottoir, regarder les panneaux, ne pas faire abstraction du feu qui est en train de passer au rouge, surveiller les piétons qui choisissent de traverser juste sous vos roues, tout en écoutant bien entendu les directives du moniteur d’auto-école, sans oublier de mettre votre clignotant …
Vous vous souvenez ?
Et bien voilà pourquoi j’ai fini cette nouvelle de séance avec un mal de tête épouvantable.
Nouveau sujet : une nature morte bleue
Premier regard, pfff, deux pots en céramique, un tabouret, des pinceaux, qu’est-ce que je fais bien pouvoir faire avec ça ???
Quelques minutes d’observation et de concentration … et d’un coup, paf ! je bascule dans le mode « peinture ». Je saisis des formes, des couleurs, ça commence à discuter tout ça. J’empoigne mon cadre magique, et c’est parti. Format paysage ? non, portrait c’est mieux. Beaucoup de verticales, quelques obliques, des formes circulaires, c’est très varié, le tout dans une calme harmonie de gris bleuté, que seul quelques citrons égaye un peu.
Je saute alors sur mon carnet de croquis. Je dessine si grossièrement que j’en suis moi-même surprise : deux rectangles, deux cercles, quelques obliques. Après réflexion, j’ajoute quelques détails figuratifs, histoire de ne pas me perdre en route.
Viens ensuite la couleur. Je cherche à peine mes teintes, je sais déjà que je vais utiliser du gris de peyne, de l’outremer, du cobalt, du rose, et de la terre d’ombre brûlée. Je pose les tâches jaunes, trois citrons, une tâche bleue, un pot, viens ensuite un peu de fond, et j’avance, de tâche en tâche, sans réfléchir. Rapidement, j’obtiens un croquis coloré, qui ne ressemble à rien, et pourtant, l’ambiance est là !!! C’est magique.
Je tente un seconde croquis, un point de vue un peu plus reculé. J’aime bien le bas plus aéré. Je décide de faire un mélange des deux.
Je suis dans le sujet, je démarre le format définitif.
Le dessin reste sommaire, le coloriage me guette au tournant.
Par où démarrer ? Le passage au grand format me perturbe. Ce que je peux faire en un geste en petit doit être décomposé en plusieurs gestes en plus grand. J’y perd en spontanéité. Je m’accroche au dessin, mais Patrick m’arrête bien vite.
J’ai un peu plus de mal à naviguer dans l’image, d’un endroit à l’autre, néanmoins, j’essaye d’être sur tous les fronts et de « sentir » à quel endroit je dois poser le prochain coup de pinceau. Ca vient peu à peu. Je ressens alternativement des moments d’équilibre et de déséquilibre, ça bouge sans arrêt, il se passe toujours quelque chose.
Ma palette s’enrichit, même si je reste un peu déçue par le manque de nuance de mes couleurs.
Je prends garde à ne pas trop travailler une zone au détriment d’une autre, tout en prêtant attention aux valeurs. Il faut tout faire en même temps, c’est …. épuisant !!!!
La séance se termine et je constate que j’ai bien avancé. Je vois ce qui ne va pas, et ce qu’il faudrait que je fasse pour améliorer certains éléments.
Finalement, la partie basse (issue du second croquis) rajoutée ne s’intégre pas au reste, malgré quelques tentatives. Je décide de l’abandonner (vous ne voyez ici que le recadrage du format final).
Je regarde une dernier fois ce travail, je n’ai résolument pas l’impression que c’est moi qui l’ai fait. C’est très troublant.
J’ai été prise dans un processus, un mouvement, où seul le fait d’avancer importait, et absolument pas le résultat. Ca aussi c’est très troublant.
Bonsoir,Je viens de tomber sur votre blog et je viens de voir votre derniere oeuvre:Je dois dire que j’aime beaucoup les couleur et l’athmosphere qui s’y dégage.Moi je suis dans le dessin du graphite d’ailleur si vous le desirez vous pouvez me rendre une ptite visite voir ce que vous pensez de mes dessins et vos critiques…www.pasdecouleurpouraimer.blogspot.com