Le chemin de Noon : errances » Faut souffrir pour être peintre …

1 mars 2009


Faut souffrir pour être peintre …

… ou comment je commence à entrevoir ce qu’est la peinture 🙂

Voici donc le résumé des trois premières séances avec Patrick.
Séance 1 : la chute

En arrivant dans l’atelier, je découvre la proposition d’exercice ainsi que la méthode de travail : une nature morte soigneusement arrangée (ça je ne l’ai compris qu’après), dont il va falloir tirer quelques croquis puis une peinture en plus grand format, le tout sur 3 séances de 3 heures chacune.

Des bouteilles vides posées sur une table, avec au mur un tissu coloré.

C’est ce que j’ai vu et c’est ce que j’ai représenté, à l’issue de cette première séance :

3 heures pour ce petit truc de 10*15 cm !!!! J’ai eu le plus grand mal à trouver un cadrage qui me plaise, quant à la mise en couleur, elle a été faite sans presque regarder le sujet.

Et c’est bien là le premier diagnostic : je ne regarde pas le sujet. Bien sûr, je le vois, mais je ne le regarde avec les bons yeux. Des yeux qui voient des formes et des couleurs qui dialoguent entre elles.

Je partage le constat et dans les jours qui suivent, je me demande comment je vais faire pour trouver ce regard-là …
Séance 2 : l’échauffement

Une semaine plus tard, me re-voilà devant mes bouteilles et mon tissu coloré. En théorie, au cours de cette deuxième séance, j’aurais dû commencer le grand format. Mais comme la semaine précédente était un coup pour rien, je décide de refaire des croquis, en prenant soin de regarder le sujet avec attention.

Et là, je commence à voir des trucs. Non seulement je distingue des formes (mais pas celle des objets), mais je vois aussi des associations de couleur.

Pour tout dire, j’ai « simplement » déroulé le même mode d’analyse que celui que j’utilise lorsque je vois les tableaux des autres. J’ai cherché ce qui marche et ce qui ne marche pas, sauf que là, ce n’est pas un tableau que je regarde, c’est le réel à travers un petit cadre noir de 6*8 cm (qui va devenir mon meilleur ami pour un certain temps 😉

Ca donne donc un premier croquis, mis en couleur en prenant soin de ne pas perdre cette vision d’ensemble :

La composition tient à peu près la route, et je pense avoir vu des éléments qui se tiennent entre eux. J’en suis la première étonnée.

Je tente de trouver d’autres cadrages, pour continuer à m’exercer. C’est moins concluant, et je finis par retomber toujours sur le précédent. C’est sans doute le signe que je commence à avoir suffisamment regardé le sujet, compte tenu de ma petite expérience.

Je finis la séance vidée, épuisée. Cette attention particulière sur le sujet m’a demandé un effort considérable, pour abandonner mes habitudes et mes réflexes.

Il ne reste plus qu’à réitérer l’exploit sur un format plus grand.

Séance 3 : le combat

Dernière séance, pour réaliser le grand format. 3 heures pour une aquarelle de 30*40 cm, c’est tout à fait faisable. Ca ne m’inquiète pas plus que ça, j’ai déjà mon plan de vol en tête.

Seulement voilà, mon plan de vol ne m’emmène nulle part. Comme à son habitude, Patrick me laisse démarrer à ma guise et dès qu’il voit que ça part en vrille, il intervient.

Il nous a fallu une longue discussion pour que j’arrive à comprendre LE problème : quand je mets en couleur, je remplis des zones que j’ai dessinées au préalable, autrement dit, je fais du coloriage. Le pire, c’est que je pensais bien faire (même si je me rendais compte que le résultat n’était pas du tout satisfaisant), car je pensais qu’il était préférable d’agir sur des grandes masses, en affinant peu à peu les détails. Ca me semblait tout à fait cohérent et rationnel.

Seulement voilà, c’est tout l’inverse !!!

La proposition de Patrick est de construire l’image en appliquant des touches, c’est-à-dire des coups de pinceaux uniques (sur lequel on revient pas s’il vous plait), d’une couleur précise, à un endroit précis, d’une forme et d’une taille précises, correspondant à ce qu’on voit du sujet.

Peu à peu, ces touches vont s’unir les unes aux autres pour former une image cohérente et intègre. Mon petit esprit rationnel a du mal à le croire, à l’admettre. Mais je suis tout à fait disposée à essayer, pour en être convaincue.

Ce fût difficile, pénible, douloureux même (je pouvais localiser précisément les zones de mon cerveau qui étaient contrariées). J’y arrivais par moment, et pfftttt, je retombais dans le coloriage. Prise dans ce combat, j’avançais à la vitesse d’un escargot atteint de mononucléose.
Mais il y a eu des moments bénis, où une espèce de rythme s’est instauré. Je me raccrochais au conseil de Patrick « ne réfléchis pas, tu regardes ton sujet, tu vois une tâche, une forme, une couleur, tu cherches la couleur sur ta palette, tu poses ta touche, et tu reviens au sujet. »
Autre difficulté : par où commencer et quel chemin suivre ? Là encore, j’ai tenté de raisonner : par couleur ? par objet ? clair, foncé ?
Mais non, là encore, je pense dessin. Les touches servent à unir les différents éléments de l’image, il faut donc cheminer entre ces différents éléments, en oubliant les lignes du dessin. On travaille alors sur la totalité de l’image en même temps (ce qui est un vrai supplice pour moi), ombre et lumière comprise (là encore, j’avais pour habitude de travailler les ombres dans un second temps).
Je me suis perdue plusieurs fois en route, mais Patrick veille.
Et puis il y a aussi la peur de mal faire, la bouteille bancale, la perspective foireuse … je lutte mais c’est pour l’instant plus fort que moi, d’autant que le sujet est rigoureux. Un ciel ou un bouquet de fleurs me semblent plus facile à côté.

Voilà donc le résultat au bout de 3 heures, évidemment pas terminé :
Patrick est satisfait car il ne pensait pas, vu comment j’étais partie, que j’avancerais autant.

Moi, je suis incapable de juger le résultat. J’ai juste l’impression que c’est la première fois que je fais une aquarelle.
J’ai la tête vide, des courbatures, un vrai combat ce truc. Et pourtant, il y a eu des moments
plaisants, où je me suis sentie seule au monde avec mes bouteilles, mon pinceau et ces belles couleurs qui éclatent sur le blanc du papier.
J’ai « compris » plein de choses au cours de ces 3 séances (un peu comme une formation accélérée). Il va maintenant me falloir digérer et mettre en pratique, pour intégrer cette nouvelle démarche.

Un détail, à taille réelle :

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  1. Anonymous dit :

    ah là là …je souffre avec toi ma petite noon ..pffffff,-)mais cela me semble super intéressantet tu vas t’en sortir !!!bisous

  2. Roland dit :

    Interesting Blog. It seems that you learnt a lot doing these excersises.p.s. thanks for the link

  3. Gwendal dit :

    initiation tres encourageante aux techniques ! c tres reussi !!!

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