Le chemin de Noon : errances » Le tao de l’aquarelle – Jeanne Carbonnetti

30 mai 2008


Le tao de l’aquarelle – Jeanne Carbonnetti

Comme promis, voici un très court résumé du livre de J. Carbonetti, qui ne saurait remplacer sa lecture. Les phrases en italique sont des citations de Lao tseu.

Introduction : l’esprit du débutant

Pour faire, il faut être.

La question essentielle est comment faire coïncider le jeu et le travail, la joie de l’expression spontanée et la réflexion ?

Deux catégories d’étudiants :

– Ceux qui jouent avec les techniques, et ont du mal à obtenir un travail abouti

– Ceux pour lesquels la peinture est une activité sérieuse et qui ont du mal à obtenir un résultat créatif

Il faut partir à la découverte d’un troisième niveau, de synthèse entre jeu et travail. Pour y arriver, il faut être présent à soi au moment présent, pour se placer au dessus de la lutte entre jeu et travail.

Il faut parvenir à une meilleure connaissance de soi pour faire le lien entre le dedans et le dehors.

Se recentrer

Eviter de se disperser car plus on s’éloigne de soi, moins on apprend.

Recentrage = rituel qui permet la concentration mentale afin d’unir les fonctions mentales et physiques, défaire le vide, se concentrer uniquement sur le moment présent.

Cela donne les pleins pouvoirs à l’intention qui devient parfaitement claire.

L’équivalent concret du recentrage est le point focal.

C’est l’élément décisif qui permet d’effectuer les bons choix. Alors le tableau nous montre le chemin, il se peint tout seul.

Le point focal peut être :

– La masse la plus importante

РLa lumi̬re la plus brillante

– L’ombre la plus dense

РLa texture la plus marqu̩e

Les lavis (ou voiles colorés) permettent de couvrir la surface au commencement pour composer l’espace.

L’équilibre

L’univers, comme un soufflet, toujours se vide, toujours est plein. Plus il se vide, plus il contient.

L’équilibre dynamique est la capacité de réaction immédiate, c’est une attente éveillée.

Chaque coup de pinceau modifie l’équilibre de toute la surface peinte. Il faut y prêter attention.

La composition, c’est l’art de l’équilibre pictural. Il faut savoir prendre en compte l’ensemble de l’image à chaque instant.

Une peinture doit fonctionner d’abord dans la forme avant de prétendre à une représentation figurative.

Donc, penser à la peinture en terme de puzzles, de grandes formes à assembler. Si cela semble harmonieux, les détails y trouveront naturellement leur place.

La diffusion de l’eau et des couleurs permet de jouer avec ces grandes masses, sans recourir au dessin. Les contours restent flous, imprécis.

Lâcher prise

Le mouvement de la vie doit suivre son cours ; la force n’est pas un recours.

Lâcher prise, c’est lever le clivage entre « je veux faire ça » et « je vais faire ça », ce qui nécessite une grande concentration et une grande confiance.

Pour cela, il faut être réceptif, en attente, ressentir le bon moment en se laissant guider par la sensation intérieure. Il faut beaucoup de patience pour savoir attendre. Mais vient alors la force et la détermination.

Les valeurs sont le pendant visuel de la détermination mentale. Une gamme variée, des contrastes importants, une prise de risque apporte de la vie, du corps, une assise.

Juxtaposer sec et mouillé permet de jouer avec les valeurs et les contours nets et flous. En peinture, la modulation des valeurs va dessiner les formes. En dessin, c’est le rôle du trait.

Mais attention à ne pas préciser les formes trop vite.

Le geste libre

Qui vit pleinement sa vie reste comme l’enfant qui n’interro
ge pas ses actes, produits naturels de son être.

Le geste libre est cette possibilité de réagir avec l’émerveillement d’un enfant et les aptitudes d’un adulte expérimenté.

Peindre devient alors un jeu mais avec un objectif, une intention. Le peintre et son medium sont les partenaires du jeu.

La couleur participe au jeu. Elle réagit à son environnement.

Chaque couleur a sa personnalité, il faut apprendre à les connaître, comme des amies.

On distingue 4 systèmes de couleur :

РMonochrome : r̩sultat calme et tranquille

– Analogue : les contrastes sont doux et subtiles. C’est délicatement harmonieux.

– Complémentaires : les contrastes sont plus marqués. L’effet est intense, dynamique, parfois violent.

– Primaires : C’est un système puissant, simple et déconcertant. Le plus difficile à maîtriser.

Les glacis permettent de jouer avec la couleur en profondeur, grâce à leur transparence. On obtient de la luminosité et de l’éclat.

Le flux

Le vie ne saurait suivre son cours si l’on entrave son mouvement.

Le flux, c’est le mouvement perpétuel, c’est la vie même, l’essence de toute chose.

En peinture, le temps s’écoule. On ne peut que réagir, à chaque instant, à chaque coup de pinceau successif et à l’ensemble, dans le constant respect de la nature du medium, le laissant exprimer sa nature.

L’essence de l’aquarelle, c’est l’eau, la fluidité. Il ne faut pas résister, mais ne pas abandonner tout contrôle non plus.

Les glacis mouillés permettent d’utiliser la fluidité progressivement pour construire et préciser les formes du sujet. Les glacis deviennent alors l’essence même de la forme.

Le Tao du matériel

Ainsi ce qui n’est pas nous aide à utiliser ce qui est.

Les outils sont des partenaires. Il faut répondre à leur invitation.

L’effort sans effort

Le maître regarde les parties avec compassion, car il comprend le tout.

Il faut avoir confiance dans la puissance du processus créatif, se laisser guider par lui.

Cela suppose l’absence de jugement et la patience.

Le jeu, l’exploration, la découverte nous affranchissent du jugement. Cette spontanéité est la clé de la puissance.

Conclusion : la pratique de la peinture

Le mystère sacré du processus créatif, c’est le mouvement parfait du cercle, la danse parfaite du yin et du yang.

Il s’agit de vous ouvrir aux mystères qui vous constituent, autorisant ces parts de vous-même souvent cachées à émerger dans votre pratique artistique. Ainsi, cette source naturelle transforme chaque peinture en une découverte et l’association du peintre avec son medium devint un dialogue.
Chaque peinture devient le miroir renvoyant une image plus ample de vous-même.
Lorsque l’esprit est là, tous les éléments, technique, style et vision, trouvent leur place.
Ainsi, à chaque peinture, tel Narcisse, nous voyons notre reflet. Et si nous regardons bien et longtemps, nous verrons, nous aussi, la vérité : la beauté, finalement, est en nous.

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