31 décembre 2007
Dessins français du musée de Darmstadt
Cette exposition temporaire qui se tient au Louvre vaut le coup d’être vue, pour qui s’intéresse à l’histoire du dessin.
Elle retrace de façon très complète, la grande époque du dessin, à savoir du 16ème au 18ème siècle.
A travers ces trois siècles, nous faisons la connaissance des plus grands peintres (et donc dessinateurs) de l’époque, mais également des artistes un peu moins connus. Les dessins sont aussi beaux les uns que les autres.
La collection complète comporte près de 500 dessins, que vous pouvez admirer dans le catalogue raisonné (cher, mais il le vaut car il comporte de belles reproductions et de nombreuses biographies sur des artistes méconnus). L’exposition en présente une soixantaine.
Pour ma part, j’ai sélectionné ceux que j’affectionne particulièrement, tant pour le sujet que pour l’aspect graphique.
Homme drapé debout – Nicolas Cordier (1567-1612)
La sanguine est un outil admirable pour rendre toute le relief délicat du corps humain et des statues.
Un jeune cavalier, vu de face, tenant de la main droite un b̢ton de commandement РJacques Callot (1592-1635)
Le dessin, c’est aussi le lavis, monochrome (brun ou noir), qui permet un traitement somptueux de la lumière.
Vieillard nu à terre et études de main – Simon Vouet (1590-1649)
Magnifique specimen d’étude. On voit bien la recherche dans certains contours, mais le résultat est une posture très expressive et bien que ce soit une étude, la mise en page contribue à renforcer l’expression apeurée du vieillard.
Jupiter enfant et la ch̬vre Amalth̩e РPierre Brebiette (1598-1642)
Le double usage de la sanguine et de la pierre noire est un peu déroutant, mais fait également le charme de ce petit, très petit dessin. J’ai du mal à imaginer la précision des outils utilisés.
Le repos de la Sainte Famille pendant la fuite en Egypte – Laurent de la Hyre (1606-1656)
Malgré la sobriété de la pierre noire, ce dessin délicat dégage une grande douceur. Il repose sur une solide composition.
La mort de saint Scholastique, ̩tudes de t̻tes et de mains РNicolas de Plattemontagne -(1631-1706)
Les rehauts de blanc apparaissent, et la vie avec (malgré le sujet).
Sept acteurs et un gnome musicien – Jean-Antoine Watteau (1684-1721)
Impossible pour moi de ne pas choisir un dessin de Watteau. Même si ceux présentés ne sont pas parmis ses plus beaux, ils évoquent malgré tout le plaisir que Watteau devait ressentir en dessinant ces petits personnages. Je suis toujours autant fascinée par sa capacité à styliser ses personnages.
Deux jeunes paysans endormis au pied d’un arbre – François Boucher (1703-1770)
Le dessin à la plume n’est pas ce que je préfère, mais celui-ci est un petit chef-d’oeuvre. La nervosité des tracés contraste avec le calme du sujet.
Le jardin de la villa Mattei à Rome – Joseph Vernet (1714-1789)
Là encore, le lavis noir est admirablement utilisé dans toutes ses nuances pour restituer une atmosphère délicieusement romantique.
Jeune fille vue de dos РJean-Honor̩ Fragonard (1732-1806)
On retrouve dans ce dessin la touche de pinceau de Fragonard. Le sujet n’est assurément pas la jeune fille, mais sa robe soyeuse.
Maisons de paysans et cabanes sur des rochers – Jean-Jacques de Boissieu (1736-1810)
Ce petit bijou reflète une étonnante modernité. La luminosité est exceptionnelle. Il y a beaucoup à apprendre de ce lavis.
Paysage avec un pont et un vieux ch̢teau РJean-Baptiste Le Prince (1734-1781)
Comment ne pas être séduit par ce paysage délicat. Une belle composition, des nuances délicates, une belle luminosité. En voyant ce chef-d’oeuvre, l’usage de la couleur m’a soudain semblé totalement inutile.
Figure de nue, couch̩e РEl̬ve de Anne-Louis Girodet-Trioson (1767-1824)
Un magnifique exemple d’utilisation du fusain et de la craie blanche. Il se dégage une atmosphère étrange, irréelle de ce dessin.
